samedi 15 juin 2013

En Toscane : Siena - Monteriggioni - Colle di Val d'Elsa



SIENNE

MONTERIGGIONI

COLLE DI VAL D'ELSA

Nous avions prévu de nous rendre à Sienne en train mais Cinzia nous a expliqué que la gare se situe à deux bons kilomètres du centre historique et que le stationnement n’est pas très compliqué pour peu qu’on n’arrive pas trop tard. Plan à l’appui, elle m’a indiqué l’itinéraire à suivre.
Nous partons donc tôt, de manière à être sur place aux environs de neuf heures, et, dès la route prise, nous nous apercevons qu’aujourd’hui nous ne voyagerons pas seuls !
Les prévisions Cinziesques s’avèrent les bonnes. Nous approchons du centre historique sans encombre et nous trouvons un parking à moitié vide à portée de fusil du dôme qui nous salue entre les tilleuls.


Le soleil brille, la température est déjà clémente et nous décidons d'alléger au maximum notre sac à dos. Dès le parvis de l’église Saint Dominique atteint, nous voyons que Sienne, aujourd’hui est nipponne.


Nous traversons une ville quasiment déserte et parvenons sans attendre au pied du baptistère que nous contournons pour arriver à la place du Duomo, en L, qui offre peu de recul par rapport à la façade dentelée de la cathédrale. Il nous faudra attendre l’ouverture des guichets pour récupérer nos billets, aussi, nous en profitons pour faire un tour du quartier encore endormi et tenter d’éviter les rues en travaux.



Neuf heures trente : heure d’ouverture des commerces. Nous récupérons nos billets et le guichetier nous apprend que les horaires de réservation n’ont aucune importance et que l’on peut déambuler dans les sites historiques à notre guise.




La cathédrale et son musée…


… le baptistère, l’hôpital de la Scala…



… le musée archéologique et la pinacothèque forment un des sommets de l’art dans un minuscule périmètre.


Nous nous insérons dans une file japonaise et parvenons rapidement dans la cathédrale.
 Et là c’est le choc : nous nous trouvons à l’intérieur d’un écrin de toute beauté : partout des peintures, de la lumière, de l’or. Immédiatement, notre regard est attiré vers le sol et les superbes pavements de marbre, tous découverts et ceints de cordons de tissu. Nous laissons s’évaporer la première vague asiatique et admirons à merveilles ces tableaux de pierre noire, blanche, jaune et rouge : une merveille !





Les trois mille mètres carrés de sol de l’église sont entièrement recouverts de trente-sept panneaux en sgraffite ou marqueterie de marbre.


Cet extraordinaire programme décoratif, unique en son genre obéit à un programme précis qui, de l’entrée de l’église à la croisée du transept et du chœur, introduit progressivement l’univers religieux de l’Ancien Testament et de la Révélation, les sibylles des nefs latérales étant les messagères du monde chrétien.


Ce pavement est en général recouvert en grande partie d’un parquet pour le protéger et n’est pas visible dans sa totalité. Certains panneaux sont découverts par roulement, d’autres, parmi les plus beaux sont visibles plusieurs mois par an. Pour notre part, nous avons de la chance : aujourd’hui, ils sont tous visibles.



Nous entrons ensuite dans la minuscule bibliothèque Piccolomini, le cardinal de Sienne qui devint le pape Pie II. 


Les fresques, remarquablement conservées, ont gardé leurs couleurs éclatantes.


Elles évoquent des épisodes de la vie de Pie II et sont peut-être en partie l’œuvre de Raphaël.


Pleines de détails, de couleurs et de mouvement, ces fresques qui retracent diverses activités du pape Pie II sont caractéristique du style narratif du « Pinturicchio », Le Perugin, le maître de Raphaël.


Le cycle raconte d’abord la carrière diplomatique de Pie II, sa participation au concile de Bâle en tant que secrétaire d’un évêque italien, sa mission auprès du roi d’Ecosse Jacques II, son couronnement de roi des poètes par l’empereur Frédéric III auprès du pape Eugène IV, sa participation à l’entrevue entre Frédéric III et sa future épouse Eléonore d’Aragon, son élection de pape en 1458, son prêche de la croisade…


Les plafonds de la bibliothèque sont aussi d’une très grande beauté.




Tout près, la chapelle Saint-Jean, circulaire, abrite d’autres fresques du Pinturicchio, de beaux fonts baptismaux et une statue de Saint Jean-Baptiste par Donatello.



Le chef-d’œuvre du Duomo est sans conteste la chaire en marbre de Carrare sculptée par Nicola Pisano en 1265.




Pisano a donné à cette chaire un plan octogonal . Neuf colonnes ornées de statues soutiennent le balcon.
 
A la base, des lions soutiennent les colonnes extérieures et des sculptures des Sept Arts Libéraux et de la Philosophie supportent la colonne centrale. La pratique de la philosophie permet à l’homme de s’élever intellectuellement vers Dieu.


Les bas-reliefs sculptés sur les côtés de la chaire se caractérisent par beaucoup de mouvement, le déploiement de drapés, l’expression des sentiments et des émotions. Le déploiement des draperies et l’expression du pathos sont propres à l’art gothique français : on peut ici observer la double influence de la sculpture gothique et la référence à l’art antique, éclectisme qui domine l’Italie du 13ème siècle.



Le majestueux maître-autel est surmonté d’un grand retable de bronze dû à Vecchietta, l’un des grands artistes et sculpteurs de la Renaissance à Sienne.


Nous partons ensuite pour le baptistère qui, contrairement à celui de Florence, jouxte le Dôme. Ce baptistère abrite des fonts baptismaux du 15ème siècle ornés par les trois des principaux sculpteurs de l’époque.


« L’annonce faite à Zacharie » et « La naissance de Saint Jean-Baptiste », œuvres du siennois Jacopo della Quercia :



« La tête de Baptiste présentée à Hérode » sculpture du siennois Donatello :


« Saint Jean-Baptiste devant Hérode », œuvre du florentin Lorenzo Ghiberti :


Plusieurs belles fresques de Vecchietta ornent aussi les murs.


Nous nous dirigeons ensuite vers le museo dell’Opera del Duomo où sont regroupées les œuvres qui étaient auparavant dans le Duomo, dont les originaux des statues de la façade réalisées par Nicola Pisano et la célèbre Maesta du peintre siennois Duccio de Buoninsegna. Malheureusement, les photographies étant interdites à l’intérieur du musée, je n’ai pu dérober que quelques statues de Pisano ayant subies les intempéries.


Nous montons ensuite au sommet de la tour du musée d’où nous dominons toute la ville.





Nous redescendons et pique-niquons face à la cathédrale en admirant sa superbe façade.





La foule continue d’affluer et nous décidons de partir pour la fameuse Piazza del Campo.


A la jonction des trois collines de Sienne, le Campo actuel et la place du marché ne formaient jadis qu’un seul espace de terre battue raviné par les pluies. Aux 13ème et 14ème siècles, il prit sa forme en éventail déployé autour d’un demi-cercle tapissé de palais vieux rose.


Les neuf rayons de marbre blanc qui rythment le sol en brique rappellent le gouvernement collectif des neuf riches marchands de la ville au Moyen-Age. C’est ici que depuis quatre cents ans se déroule deux fois par an le célèbre « Palio ».


La place a pour atouts le musée et la tour panoramique du Palazzo Pubblico, ainsi que les terrasses de cafés qui la bordent.


La Fonte Gaia, la fontaine située vers le haut de la place, est une œuvre de Jacopo della Quercia, l’un des grands sculpteurs de la Renaissance.




La structure voûtée gothique qui fait saillie au pied de la tour dite « Torre del Mangia » est la chapelle de la place. Elle a été construite pour commémorer la fin de l’épidémie de peste noire.


Nous avions prévu une visite du Museo Civico. Nous entrons sous son porche où la pluie très forte qui vient de reprendre a repoussé la foule qui s’éparpillait quelques minutes auparavant sur la place. Nous jetons un coup d’œil à sa cour en forme de puits de lumières, puis, las du tumulte, nous décidons de rejoindre notre voiture.


Les ruelles sont bondées et, l’averse aidant, la bousculade est totale. Circuler à deux sous un parapluie est impossible. Edith reste à l’abri et Serge traverse la ville sans protection. Il arrive à la voiture trempé et doit troquer sa chemisette pour une veste polaire oubliée sur le siège arrière.

En route, le soleil est de retour et nous décidons de nous arrêter à Monteriggioni que nous n’avions pas visité samedi.

Le village médiéval se situe se situe sur une petite colline à environ dix kilomètres de Sienne. Jusqu’au 11ème siècle, il fut un lieu d’échange le long de la voie Francigena, voie empruntée par Charlemagne pour rejoindre l’Ecosse depuis Rome où le pape venait de la sacrer empereur d’Occident.


Sienne le transforma en une imposante forteresse pour protéger sa frontière nord durant les guerres contre Florence. Sa position permettait de contrôler les vallées de fleuves Staggia et Elsa.


Ses remparts mesurent 570 mètres de long sur 20 mètres de haut et son entrecoupés de 14 tours carrées et de deux portes : la « Porta Romea » ou « Franca » orientée vers Sienne et la « Porta San Giovanni » ou « Fiorentina » orientée vers Florence.


Au cours d’un de ses voyages, Dante Alighieri, l’auteur de la Divine Comédie, la découvrit et la cita dans « L’Enfer » : « In su la cerchia tonda, Monteriggioni di torri si corona... » - « sur la colline ronde, Monteriggioni de tours se couronne… ».


Monteriggioni est visible de toutes les routes alentour. Il compte aujourd’hui une centaine d’habitants. Il se compose de vieilles maisons et d’une grande place centrale où s’élève la « Pieve di Santa Maria Assunta ».



Petit proverbe que nous n’oublierons pas de retenir : Ne pas sortir sans parapluie quand le Montemaggio (sommet qui domine Monteriggioni) porte un chapeau…



Aujourd’hui, il porte effectivement un superbe feutre noir et nous ne manquons pas de prendre notre seconde rincée de la journée !



En attendant que la pluie cesse, nous partons à la recherche de Colle di Val d’Elsa que nous n’avions pas trouvée samedi. Nous trouvons assez facilement la ville basse et c’est avec difficulté que nous arrivons dans la ville haute, bourgade elle aussi située sur la Via Francigena.


Le soleil étant enfin revenu, nous faisons un petit tour agréable dans les rues quasiment désertes.






Nous croisons le fameux escargot du Chianti et nous jouissons de belles vues sur la campagne environnante.
















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire