SIENNE
MONTERIGGIONI
COLLE DI VAL D'ELSA
Nous
avions prévu de nous rendre à Sienne en train mais Cinzia nous a expliqué que
la gare se situe à deux bons kilomètres du centre historique et que le
stationnement n’est pas très compliqué pour peu qu’on n’arrive pas trop tard.
Plan à l’appui, elle m’a indiqué l’itinéraire à suivre.
Nous
partons donc tôt, de manière à être sur place aux environs de neuf heures, et,
dès la route prise, nous nous apercevons qu’aujourd’hui nous ne voyagerons pas
seuls !
Les
prévisions Cinziesques s’avèrent les bonnes. Nous approchons du centre
historique sans encombre et nous trouvons un parking à moitié vide à portée de
fusil du dôme qui nous salue entre les tilleuls.
Le soleil
brille, la température est déjà clémente et nous décidons d'alléger au
maximum notre sac à dos. Dès le parvis de l’église Saint Dominique atteint,
nous voyons que Sienne, aujourd’hui est nipponne.
Nous
traversons une ville quasiment déserte et parvenons sans attendre au pied du
baptistère que nous contournons pour arriver à la place du Duomo, en L, qui
offre peu de recul par rapport à la façade dentelée de la cathédrale. Il nous
faudra attendre l’ouverture des guichets pour récupérer nos billets, aussi,
nous en profitons pour faire un tour du quartier encore endormi et tenter d’éviter
les rues en travaux.
Neuf
heures trente : heure d’ouverture des commerces. Nous récupérons nos
billets et le guichetier nous apprend que les horaires de réservation n’ont
aucune importance et que l’on peut déambuler dans les sites historiques à notre
guise.
La
cathédrale et son musée…
… le
baptistère, l’hôpital de la Scala…
… le musée
archéologique et la pinacothèque forment un des sommets de l’art dans un
minuscule périmètre.
Nous nous
insérons dans une file japonaise et parvenons rapidement dans la cathédrale.
Et là
c’est le choc : nous nous trouvons à l’intérieur d’un écrin de toute
beauté : partout des peintures, de la lumière, de l’or. Immédiatement,
notre regard est attiré vers le sol et les superbes pavements de marbre, tous découverts
et ceints de cordons de tissu. Nous laissons s’évaporer la première vague
asiatique et admirons à merveilles ces tableaux de pierre noire, blanche, jaune et
rouge : une merveille !
Les trois
mille mètres carrés de sol de l’église sont entièrement recouverts de
trente-sept panneaux en sgraffite ou marqueterie de marbre.
Cet
extraordinaire programme décoratif, unique en son genre obéit à un programme
précis qui, de l’entrée de l’église à la croisée du transept et du chœur,
introduit progressivement l’univers religieux de l’Ancien Testament et de la
Révélation, les sibylles des nefs latérales étant les messagères du monde
chrétien.
Ce
pavement est en général recouvert en grande partie d’un parquet pour le
protéger et n’est pas visible dans sa totalité. Certains panneaux sont
découverts par roulement, d’autres, parmi les plus beaux sont visibles
plusieurs mois par an. Pour notre part, nous avons de la chance :
aujourd’hui, ils sont tous visibles.
Nous
entrons ensuite dans la minuscule bibliothèque Piccolomini, le cardinal de
Sienne qui devint le pape Pie II.
Les
fresques, remarquablement conservées, ont gardé leurs couleurs éclatantes.
Elles
évoquent des épisodes de la vie de Pie II et sont peut-être en partie l’œuvre
de Raphaël.
Pleines de
détails, de couleurs et de mouvement, ces fresques qui retracent diverses
activités du pape Pie II sont caractéristique du style narratif du
« Pinturicchio », Le Perugin, le maître de Raphaël.
Le cycle
raconte d’abord la carrière diplomatique de Pie II, sa participation au concile
de Bâle en tant que secrétaire d’un évêque italien, sa mission auprès du roi
d’Ecosse Jacques II, son couronnement de roi des poètes par l’empereur Frédéric
III auprès du pape Eugène IV, sa participation à l’entrevue entre Frédéric III
et sa future épouse Eléonore d’Aragon, son élection de pape en 1458, son prêche
de la croisade…
Les plafonds de la bibliothèque sont aussi d’une très
grande beauté.
Tout près, la chapelle Saint-Jean, circulaire, abrite
d’autres fresques du Pinturicchio, de beaux fonts baptismaux et une statue de
Saint Jean-Baptiste par Donatello.
Le chef-d’œuvre du Duomo est sans conteste la chaire
en marbre de Carrare sculptée par Nicola Pisano en 1265.
Pisano a donné à cette chaire un plan
octogonal . Neuf colonnes ornées de statues soutiennent le balcon.
A la base, des lions soutiennent les colonnes
extérieures et des sculptures des Sept Arts Libéraux et de la Philosophie
supportent la colonne centrale. La pratique de la philosophie permet à l’homme
de s’élever intellectuellement vers Dieu.
Les bas-reliefs sculptés sur les côtés de la chaire se
caractérisent par beaucoup de mouvement, le déploiement de drapés, l’expression
des sentiments et des émotions. Le déploiement des draperies et l’expression du
pathos sont propres à l’art gothique français : on peut ici observer la
double influence de la sculpture gothique et la référence à l’art antique,
éclectisme qui domine l’Italie du 13ème siècle.
Le majestueux maître-autel est surmonté d’un grand retable
de bronze dû à Vecchietta, l’un des grands artistes et sculpteurs de la
Renaissance à Sienne.
Nous partons ensuite pour le baptistère qui,
contrairement à celui de Florence, jouxte le Dôme. Ce baptistère abrite des
fonts baptismaux du 15ème siècle ornés par les trois des principaux
sculpteurs de l’époque.
« L’annonce faite à Zacharie » et « La
naissance de Saint Jean-Baptiste », œuvres du siennois Jacopo della
Quercia :
« La tête de Baptiste présentée à Hérode »
sculpture du siennois Donatello :
« Saint Jean-Baptiste devant Hérode », œuvre
du florentin Lorenzo Ghiberti :
Plusieurs belles fresques de Vecchietta ornent aussi
les murs.
Nous nous dirigeons ensuite vers le museo dell’Opera
del Duomo où sont regroupées les œuvres qui étaient auparavant dans le Duomo,
dont les originaux des statues de la façade réalisées par Nicola Pisano et la
célèbre Maesta du peintre siennois Duccio de Buoninsegna. Malheureusement, les
photographies étant interdites à l’intérieur du musée, je n’ai pu dérober que
quelques statues de Pisano ayant subies les intempéries.
Nous montons ensuite au sommet de la tour du musée
d’où nous dominons toute la ville.
Nous redescendons et pique-niquons face à la
cathédrale en admirant sa superbe façade.
La foule continue d’affluer et nous décidons de partir
pour la fameuse Piazza del Campo.
A la jonction des trois collines de Sienne, le Campo
actuel et la place du marché ne formaient jadis qu’un seul espace de terre
battue raviné par les pluies. Aux 13ème et 14ème siècles,
il prit sa forme en éventail déployé autour d’un demi-cercle tapissé de palais
vieux rose.
Les neuf rayons de marbre blanc qui rythment le sol en
brique rappellent le gouvernement collectif des neuf riches marchands de la
ville au Moyen-Age. C’est ici que depuis quatre cents ans se déroule deux fois
par an le célèbre « Palio ».
La place a pour atouts le musée et la tour panoramique
du Palazzo Pubblico, ainsi que les terrasses de cafés qui la bordent.
La Fonte Gaia, la fontaine située vers le haut de la
place, est une œuvre de Jacopo della Quercia, l’un des grands sculpteurs de la
Renaissance.
La structure voûtée gothique qui fait
saillie au pied de la tour dite « Torre del Mangia » est la chapelle
de la place. Elle a été construite pour commémorer la fin de l’épidémie de
peste noire.
Nous avions prévu une visite du Museo Civico. Nous
entrons sous son porche où la pluie très forte qui vient de reprendre a
repoussé la foule qui s’éparpillait quelques minutes auparavant sur la place.
Nous jetons un coup d’œil à sa cour en forme de puits de lumières, puis, las du tumulte, nous décidons de rejoindre notre voiture.
Les ruelles sont bondées et, l’averse aidant, la
bousculade est totale. Circuler à deux sous un parapluie est impossible. Edith
reste à l’abri et Serge traverse la ville sans protection. Il arrive à la
voiture trempé et doit troquer sa chemisette pour une veste polaire oubliée sur
le siège arrière.
En route, le soleil est de retour et nous décidons de nous arrêter à Monteriggioni que nous n’avions pas visité samedi.
Le village médiéval se situe se situe sur une petite colline à environ dix kilomètres de Sienne. Jusqu’au 11ème siècle, il fut un lieu d’échange le long de la voie Francigena, voie empruntée par Charlemagne pour rejoindre l’Ecosse depuis Rome où le pape venait de la sacrer empereur d’Occident.
Sienne le transforma en une imposante forteresse pour
protéger sa frontière nord durant les guerres contre Florence. Sa position
permettait de contrôler les vallées de fleuves Staggia et Elsa.
Ses remparts mesurent 570 mètres de long sur 20 mètres
de haut et son entrecoupés de 14 tours carrées et de deux portes : la
« Porta Romea » ou « Franca » orientée vers Sienne et la
« Porta San Giovanni » ou « Fiorentina » orientée vers
Florence.
Au cours d’un de ses voyages, Dante
Alighieri, l’auteur de la Divine Comédie, la découvrit et la cita dans
« L’Enfer » : « In su la cerchia tonda, Monteriggioni di
torri si corona... » - « sur la colline ronde, Monteriggioni de tours
se couronne… ».
Monteriggioni est visible de toutes les
routes alentour. Il compte aujourd’hui une centaine d’habitants. Il se compose
de vieilles maisons et d’une grande place centrale où s’élève la « Pieve
di Santa Maria Assunta ».
Petit proverbe que nous n’oublierons pas
de retenir : Ne pas sortir sans parapluie quand le Montemaggio (sommet qui
domine Monteriggioni) porte un chapeau…
Aujourd’hui, il porte effectivement un
superbe feutre noir et nous ne manquons pas de prendre notre seconde rincée de
la journée !
En attendant que la pluie cesse, nous
partons à la recherche de Colle di Val d’Elsa que nous n’avions pas trouvée
samedi. Nous trouvons assez facilement la ville basse et c’est avec difficulté
que nous arrivons dans la ville haute, bourgade elle aussi située sur la Via
Francigena.
Le soleil étant enfin revenu, nous
faisons un petit tour agréable dans les rues quasiment désertes.
Nous croisons le fameux escargot du
Chianti et nous jouissons de belles vues sur la campagne environnante.
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