LE PAYS DE VINCI
Le temps ne s’annonce pas
aussi clément qu’hier mais, tôt dans l’après-midi, nous partons pour Vinci sur
les traces de Léonard.
Nous stationnons au bas du
village et montons à pied vers le centre historique. Il est encore tôt et tout
est calme.
Par d’inévitables
escaliers, nous arrivons devant une petite église agréable au porche enserré dans
un écrin d’arbres coquets.
A ses pieds, sur une placette en pente,
s’étale une œuvre moderne en marbre gris, « une place pour Leonardo »
en hommage à l’enfant du pays.
Au fond de l’ensemble, le musée Leonardiano
étale une façade rénovée et quelconque.
L’hôte d’accueil, affable,
nous explique que le musée s’inscrit dans deux bâtiments, celui où nous nous trouvons, les « Uzielli »
et au « palais des comtes Guidi » qui domine le village.
Nous entrons et découvrons
les maquettes des inventions faites par Leonard, placées devant des fac-simile
de ses écrits et de ses schémas. Même si nous ne comprenons pas tout aux
méandres cérébraux du génie, il faut avouer que l’ensemble est saisissant.
Aux Uzielli sont exposées
les inventions liées aux engins de construction, aux technologies du textile et
aux montres. Au château, celles liées à la guerre, à l’architecture, au vol et
à l’optique.
Treuils, grues, métiers à
tisser, instruments divers de mesure du temps, mitraillettes, canons, diverses
armes à feu, ponts, écluses, pont-canal, engrenages, machines volantes,
bicyclette, miroirs, lentilles, cartes et solides géométriques nous entraînent
dans un voyage vers l’intelligence qui dure longtemps et à plaisir.
Nous avions prévu de
rejoindre ensuite à pied, à travers les vignes et les oliviers, sa maison
natale située à deux kilomètres de là, dans le hameau d’Anchiano, mais le ciel est
vraiment menaçant. Il nous laisse à peine le temps de rejoindre notre voiture
avant d’abattre sur nous un de ces orages dont il a le secret depuis notre
départ.
Tant pis, nous montons
jusqu’à Anchiano par la route et découvrons, au milieu des oliviers, la vaste
demeure qui abrita les années d’enfance du maître. Il y a un peu d’émotion à se
dire que d’ici, au milieu de nulle part, partit un génie dont le monde entier
parle plus de six siècles plus tard.
Nouvelle pluie et départ
pour Pistoia, cité médiévale proche. La route s’élève et nous laisse admirer
des villages accrochés aux pentes des nombreuses collines toujours frangées de
cyprès.
Le centre ville de Pistoia
est fermé à la circulation pour cause d’on ne sait pas quoi et nous devons
trouver un parking éloigné de l’entrée prévue. Nous pagayons un peu pour
dénicher la bonne direction et nous débouchons enfin dans les rues piétonnes du
centre historique très animées pour un dimanche. Un nombre important de
commerces sont ouverts, les vieux palabrent sur les places et les familles se
promènent, gelati en main.
L’étroite « via degli
Orafi » déborde de monde et de bruit.
Le flot nous entraîne vers
le « Palazzo della Podestà » que nous apercevons au loin et nous
sortons enfin sur l’immense « Piazza del Duomo », sa cathédrale San
Zeno, son Palazzo dei Vescovi, son Palazzo Civile et son baptistère, les
édifices religieux en marbre gris et blanc, merveilleusement habillés de frises
et de statues, les bâtiments civils aux façades sobres, ornées de faïences des
Della Robbia étincelantes.
Un nouvel orage nous
entraîne vers le Palazzo Civico où nous traversons une exposition présentant
des photos des artistes italiens avec Pinocchio. Nous grimpons dans les étages,
croisons des statues sans nom, et débouchons dans la salle du conseil
municipal, immense, ornée de stalles impressionnantes, d’un plafond à caissons
tout aussi impressionnant, de statues et d’armoiries en nombre.
Le soleil brillant de
nouveau à travers les vitraux, nous quittons le lieu pour une visite de la
cathédrale San Zeno.
Avec ses trois étages à
colonnettes légères, spécialité de Pise, l’incrustation de bandes de marbre
bicolore propre à la tradition florentine et son porche élancé édifié au 14ème,
cette cathédrale romane du 12ème siècle est une des synthèses les
plus harmonieuses de Toscane.
Sa façade est un peu à
l’étroit entre la muraille du palazzo dei Vescovi et le puissant campanile de
67m de haut qui juxtapose plusieurs styles. En 1505, Andrea della Robbia décora
de terres cuites émaillées la voûte du portique et le tympan du portail central
avec notamment une Vierge à l’enfant et anges.
Les deux statues qui
trônent au sommet de la façade marquent l’évolution des dévotions : à
gauche, Saint Zenon, premier saint patron de Pistoia, à droite, Saint Jacques.
La ville acquit des reliques
du saint en 1143 et devint une étape sur la route de Compostelle, comme le
prouve, à l’intérieur, le célèbre autel de Saint Jacques en argent aujourd’hui
fermé et uniquement visible derrière des grilles : Jacques, tenant son
bâton de pèlerin, règne sous un Christ en gloire. 15 tableaux mettent en scène
le Christ. L’ensemble, réalisé sur plusieurs générations par les meilleurs
orfèvres toscans à partir de 1287, totalise 628 personnages martelés dans des
feuilles d’argent et coulés selon le procédé de la cire perdue.
A gauche du chœur
baroque, le grand tableau de Verrocchio achevé par son élève Lorenzo di Credi
représentant une Vierge en majesté entre deux saints est magnifique mais un peu compliqué à photographier.
En face, le baptistère est
imposant. Nous ne le visitons pas car il est payant.
En partant, dans une rue
adjacente, le tribunal arbore aussi d’admirables armoiries et portraits de
faïence.
Nous regagnons notre
voiture et décidons de partir pour Collodi voir si nous trouverions un
pantin digne de ce nom pour Margaux. La fin de journée approche et nous
avançons lentement jusqu’au village où nous trouvons effectivement des pantins
de qualité mais aucun commerce qui accepte les cartes de crédit : mon
dieu, que l’Europe est belle !
Alors, nous rentrons en
espérant croiser de nouveaux pantins ailleurs.
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