samedi 15 juin 2013

En Toscane : Florence

FLORENCE

Nous prenons le train de 9h27, bondé, qui nous dépose sur le quai de la gare de Santa Maria Novella à 10h05. Nous nous frayons un chemin dans la cohue et nous ne tardons pas à débarquer sur Piazza Santa Maria Novella qui possède deux grands obélisques.



Dressés sur d’amusantes tortues de bronze du sculpteur Giambologna, ils commémorent le souvenir d’un ancien cirque romain où des poteaux similaires marquaient le début et la fin des courses de char.



La façade de l’église, de style roman a été achevée en 1456. Giovanni Rucellai, négociant en tissus, chargea Leon Battisti Alberti de lui donner son aspect définitif, dans un style mâtiné de classicisme.



La version latine du nom de Rucellai (Iohanes Oricellarius) s’inscrit sur la largeur de la façade, suivie de l’année de la consécration de l’édifice (1470).



On reconnaît également l’emblème personnel de Ruccellai : la voile gonflée de la fortune, celui de sa famille : des plumes dans un anneau et, sur le fronton, un immense soleil, symbole de l’ordre des Dominicains à qui Rucellai donna l’église.




Nous admirons les belles façades qui entourent la place puis les jardins de l’église dans laquelle nous n’entrerons pas compte-tenu du prix de l’entrée.




Nous nous disons qu’en suivant les nombreux groupes asiatiques qui suivent l’étendard de leur guide, nous devrions parvenir à la piazza del Duomo où nous attendent nos découvertes du jour. Nous traversons une partie de la ville, avant d’y arriver.




Nous allons récupérer notre Pass et nous commençons notre visite par le Duomo, à la façade exceptionnelle mais, pour nous, à l’intérieur fort décevant au regard de celui du Duomo de Sienne.



Le fronton, conçu par Arnolfo di Cambio fut abattu encore inachevé, en 1587 afin de céder la place à une façade plus conforme au goût du 16ème siècle.




Mais il fallut attendre trois cents ans pour que les plans d’Emilio de Fabris soient acceptés en 1887.




Le Duomo Santa Maria del Fiore est la quatrième plus grande cathédrale du monde. En y entrant, on est frappé par son espace et par son austérité un peu lugubre.



Au-dessus de la porte d’entrée, se trouve l’Horo Italica, curieuse horloge indiquant la division du temps dans laquelle la première heure de la journée coïncide avec le lever du soleil. Ce système, conçu par marquer les heures canoniales, resta d’un usage répandu en Italie jusqu’au 18ème siècle.



Les images des prophètes qui la décorent sont l’œuvre de Paolo Uccello.



En hauteur aussi, se trouve le tombeau d’Antonio d’Orso, évêque de Florence, œuvre de Tino de Camaiano.



Plus loin, on peut admirer une sculpture de Benedetto da Maiano, « Giotto à l’œuvre » dont le photographe a été peu inspiré ou un peu trop bousculé...



Plus loin encore, on arrive près d’un joli bénitier de marbre.




Sur le mur opposé, on peut admirer trois œuvres majeures de la cathédrale. Tout d’abord, le monument équestre de l’aventurier et condottiere Niccolo da Tolentino qui s’illustra à la bataille de San Romano, œuvre d’Andrea del Castagno. A sa droite, se trouve le remarquable monument élevé à la gloire du mercenaire anglais devenu condottiere des troupes florentines, John Hawkwood, fresque en trompe-l’œil réalisée par Paolo Uccello en 1436.


La troisième œuvre représente Dante et la Divine Comédie (1465). Cette fresque de Domenico di Michelino montre le poète tenant un exemplaire de son ouvrage d’où jaillissent des rayons illuminant la ville. Dante est représenté hors des murs de la ville, sans doute pour indiquer son exil.



Autre chef-d’œuvre de la cathédrale, la coupole de Brunelleschi, la première de cette taille et de ce poids, ornée de fresques étonnantes dues à Vasari.



Nous sortons pour admirer la coupole de l’extérieur.




Nous en profitons pour détailler la porte de la Mandorle, œuvre de Nanni di Antonio di Banco.






De l’autre côté de l’édifice, se dresse le campanile, l’un des plus beaux d’Italie, dessiné par Giotto.



Il est décoré de statues de Donatello et de Luca della Robbia.



Sa construction commença en 1334 sous la direction de Giotto qui n’eut le temps d’achever que le premier étage avant sa mort en 1337. Il s’inspira probablement des motifs ornementaux polychromes créés par Arnolfo di Cambio pour la façade du Duomo.


Andrea Pisano réalisa le deuxième étage et mourut à son tour. C’est Francesco Talenti qui le termina.
Le campanile a une hauteur de 84,70 mètres. La thématique des sculptures de sa façade retrace l’évolution de l’homme depuis le péché originel à sa base jusqu’à l’état de grâce divine au sommet.


Il est midi, nous allons pique-niquer à l’ombre au pied du Duomo devant le musée de l’Opera del Duomo.

Ensuite, le ventre plein et munis de nos audio-guides, nous partons à la découverte du baptistère de San Giovanni, le plus vieil édifice de Florence puisqu’il est mentionné pour la première fois en 898.




Sa décoration, classique, date des années 1059 à 1128, période à laquelle on ajoute les pilastres, les frises et corniches en marbre de plusieurs couleurs qui ornent l’extérieur.


Sur l’abside sont figurés deux lions sur le point de dévorer des têtes humaines, symboles des tourments réservés aux pécheurs répandus dans les églises romanes des 12ème et 13ème siècles.




La porte sud, la plus ancienne, a été dessinée par Andrea Pisano, artiste pisan qui fut choisi parce que la cathédrale de sa ville natale, récemment construite, était célèbre pour ses magnifiques portes en bronze.



La porte est constituée de 28 bas-reliefs en partie dorés, illustrant la vie de Saint Jean-Baptiste, le patron de Florence et de son baptistère.



Andrea Pisano acheva les modèles en cire en trois mois et confia leur moulage au vénitien Leonardo d’Avanzo. Les travaux durèrent six ans.



La porte nord est l’œuvre de Ghiberti qui consacra vingt ans de sa vie à réaliser ses vantaux.



Il reprend le motif gothique du losange quadrifolié encadrant chaque scène ainsi que le découpage en 28 panneaux utilisé par Pisano.



Les bas-reliefs de Ghiberti sont beaucoup plus vivants et réalistes que ceux de son prédécesseur.



Cette porte plut tant qu’on en commanda une deuxième à Ghiberti, la porte est ou « Porte du Paradis », chef-d’œuvre de Ghiberti et œuvre maîtresse de la Renaissance.



Abandonnant le schéma en 28 panneaux, Ghiberti se limite à 10 bas reliefs et remplace le cadre en losange quadrifolié par de simples formats carrés dont certains rassemblent en simultané plusieurs scènes d’un même passage de la Bible. Le concept et les lois de la perspective, que l’on venait de comprendre, sont appliqués avec habileté : subtilité de l’expression, réalisme, puissance narrative et raffinement de la composition expriment tous les attributs de la Renaissance.



A l’intérieur, le plafond en mosaïque représente divers épisodes de la vie du Christ, de la Vierge et de Saint Jean-Baptiste.





Dans une absidiole, se trouve le tombeau de l’antipape Jean XXIII, œuvre de Donatello et de Michelozzo.



Des colonnes en granit proviennent certainement de l’ancien capitole romain, alors que sur le pavement en marbre finement ouvragé on peut deviner l’emplacement des fonts baptismaux de forme octogonale.





Près de la porte nord, se trouve la colonne Saint Zénobie, du nom du premier évêque de Florence. C’est là que se serait produit un miracle au moment du transfert des reliques du saint de l’église San Lorenzo à l’église Santa Réparata qui occupait auparavant la place du baptistère, le 26 janvier 429.



Sur le passage du cortège funèbre se trouvait un orme qui, lorsqu’il fut effleuré par le corbillard, se mit à bourgeonner en plein mois de janvier. C’est pour commémorer ce miracle que la colonne porte un rameau en bronze.



Pour notre part, nous assistons à un des miracles du vingt-et-unième siècle : le détroussement d’une touriste japonaise par un pickpocket local !

Nous terminons nos visites du jour par le Museo dell’Opera del Duomo qui regroupe les éléments qui ont été retirés du Duomo, du baptistère et du Campanile au fil de temps, soit parce qu’ils se dégradaient soit qu’ils étaient remplacés par des pièces plus modernes. Nous pouvons d’abord admirer une tête de Saint Jean-Baptiste, sculptée par Tino di Camaiano…



… et un buste de Brunelleschi, le constructeur de la coupole, œuvre de Donatello.



A l’entresol, nous tombons nez-à-nez avec la majestueuse Pietà de Michel-Ange, « Pietà Bandini » ou « Pietà aux quatre figures ». Commencée à l’âge de 75 ans par Michel-Ange, cette sculpture ne fait pas suite à une commande mais était certainement destinée à son tombeau.



Cette œuvre est inachevée car, la pierre s’étant brisée, la silhouette du Christ fut ratée. Michel-Ange commença à la détruire et fut arrêté par son serviteur Antonio qui le pria de lui donner la sculpture.



Elle fut alors restaurée par Tiberio Calcagni, élève et ami du Maître qui en termina quelques morceaux dont la figure de Marie-Madeleine à gauche, dont on distingue nettement la différence d’exécution. Malgré cela, Jésus ne possède pas de jambe gauche.



La Pietà représente Nicodème portant le corps du Christ dans ses bras, aidé par la Vierge Marie à droite et Marie-Madeleine à gauche. Avec Nicodème, Michel-Ange réalise un autoportrait, se représentant lui-même en vieillard encapuchonné.



Nous nous retrouvons ensuite devant les deux superbes « cantorie » (tribunes de chantres) de Donatello…



… et Luca della Robbia.



Fort différentes l’une de l’autre, elles surplombaient, jusqu’en 1688 l’entrée des deux sacristies du Duomo.



Toutes deux sont ornées d’enfants dansant et jouant d’instruments de musique, mais c’est là leur seul point commun.




Les enfants de Della Robbia font l’effet de créatures innocentes et allègres, alors que ceux de Donatello ont l’air de garnements bagarreurs et espiègles.




Tout près se trouvent les originaux des statues que nous avons pu voir sur le campanile : l’Abacuc surnommé « Zuccone » (grosse courge !) de Donatello…



… un prophète de Nino di Bartolo…



… le roi David de Nino et Andra Pisano…



… une extrême onction de Maso di Banco…



… Euclide et Pythagore ou  la géométrie et l’arithmétique de Luca della Robbia…



… La création d’Adam par Andrea Pisano…



… Gionitus, l’inventeur de l’astronomie, par Andrea Pisano…



Plus loin, nous pouvons admirer une crucifixion de Donatello…



Suivent de remarquables pièces d’orfèvrerie, d’argenterie, de marqueterie, de pierres précieuses…






La visite se termine par les originaux des bas-reliefs de la Porte du Paradis du Baptistère, chef-d’œuvre de Ghiberti. Autant les fac-simile de l’extérieur sont pris d’assaut, autant les originaux, bien à l’abri dans le musée sont oubliés !



Nous ressortons rassérénés mais la chaleur et la surpopulation des rues du centre de Florence ont raison de nous : harassés, nous regagnons la gare et rentrons dans notre calme agriturismo. Nous reviendrons demain !




Le lendemain, il faut partir plus tôt qu’hier car nos réservations de visites commencent dès l’ouverture des musées. C’est le train de 7h58, encore plus bondé que celui de la veille, qui nous transporte.
Après un petit sprint dans les rues de la ville, nous arrivons devant la Galerie des Offices, le célèbre musée de la ville.



Là, la foule est déjà à son comble et nous sommes heureux de récupérer un pass qui nous permet de rentrer relativement rapidement.



Les photographies étant interdites, nous ne pouvons rien vous montrer des chef-d’œuvre que nous avons pu admirer : « le sacrifice d’Isaac » et « Bacchus » du Caravage, les « Vierges en Majesté » de Cimabue, Duccio di Boninsegna et la « Madona d’Ognissanti » de Giotto mise en comparaison dans la même salle, « le couronnement de la Vierge » de Fra Angelico, « la bataille de San Romano » de Paolo Uccello, « les portraits du duc d’Urbino et de Battista Sforza » de Pietro della Francesca, « le Printemps » et « la naissance de Vénus » de Botticelli, « la Vierge au chardonneret » de Raphaël, « la vénus d’Urbino » du Titien… Malheureusement, « l’adoration des Mages » de Léonard de Vinci et les toiles de Michel-Ange étaient en restauration.
Il est midi lorsque nous sortons de là et nous optons pour un pique-nique en regardant les statues humaines qui se sont installées devant le musée.








Notre repas avalé, nous rejoignons la Piazza della Signoria où s’élève le Palazzo Vecchio qui fut le siège du gouvernement de Florence pendant sept siècles.




Par sa forme insolite, ses monuments et ses statues, cette place est à la fois un vaste théâtre et un musée de plein air. Florence combine ici la force militaire et la grâce de la Renaissance, l’austérité et la légèreté.



La statue équestre du grand duc Cosme 1er de Médicis, réalisée par Giambologna a été conçue pour rappeler la célèbre statue de l’empereur romain Marc Aurèle sur la place du Capitole de Rome : elle associe la gloire de la Florence de la Renaissance à celle de la Rome antique.




Cosme 1er réapparaît sous les traits de Neptune dans « La Fontaine de Neptune » de Bartolomeo Ammanati.




Avec un peu d’entraînement, on peut s’apercevoir que l’homme illustre était sensible à l’avenir de la dynastie…



Cette statue (et non pas les attributs de Cosme !) fut vivement critiquée par Michel-Ange qui se serait exclamé : « Ammanati ! Quel beau bloc de marbre tu as gâché ! »



Les florentins, eux, ont rebaptisé Neptune, « le Pâlot » !



Sur la place, se trouve aussi le Marzocco de Donatello, le lion héraldique florentin qui se retrouve dans de nombreuses villes toscanes dominées par Florence à partir du 13ème siècle. La coutume voulait que les prisonniers de guerre fussent obligés de baiser son postérieur.



Nous retraversons la galerie des Offices pour nous rendre sur les bords de l’Arno.



La foule se presse ici pour admirer le Ponte Vecchio, véritable symbole de la ville de Florence.



Agé de sept cents ans, il a longtemps été le seul pont franchissant l’Arno même si sa superstructure en bois, plusieurs fois détruite par les crues fut souvent reconstruite.



Les échoppes du Ponte Vecchio existaient déjà au 12ème siècle. La plupart étaient tenues par des bouchers, des charcutiers et des poissonniers qui déversaient directement leurs déchets dans l’Arno.



Puis, s’installèrent les tanneurs qui mettaient les peaux à tremper dans le courant avant de les tanner à l’aide de l’urine de cheval.



En 1565, Cosme 1er de Médicis fit construire le Corridoio Vasariano, un étroit et long couloir reliant par le haut le palais Pitti, nouvelle résidence construite par la famille au Palazzo Ducale et aux Offices. C’est à Vasari que fut confiée sa construction.



En 1593, incommodé par les odeurs nauséabondes et le vacarme qui montaient des boutiques, Ferdinand 1er de Médicis bannit du Ponte Vecchio les praticiens des « arts vils » ! Au double du prix, il autorisa l’implantation sur le pont des joailliers et des orfèvres.



Certains de leurs descendants officient encore sous les charmants auvents de leurs échoppes aux volets de bois.



Un buste de l’un des fils les plus célèbres de Florence, Benvenutto Celini, se dresse au centre du Ponte Vecchio.



Le lieu devant être habité de nombreux voleurs, la statue est bien gardée !



Nous quittons l’effervescence du Ponte Vecchio par la rive gauche afin de rejoindre le beaucoup plus calme quartier Santa Croce.



De toutes les églises de Florence, Santa Croce est la plus majestueuse.




Elle abrite de superbes fresques de Giotto et les tombeaux de 270 personnalités florentines.



Presque à l’entrée de l’église, se trouve le tombeau de Michel-Ange, œuvre de Vasari. C’est à la demande de Michel-Ange lui-même que le tombeau fut érigé près de l’entrée. Le maître voulait que la coupole de la cathédrale de Florence soit la première chose qu’il voit lors de sa résurrection !





En face, se trouve la Vierge au lait, bas-relief d’Antonio Rossellino.



On peut ensuite voir le cénotaphe de Dante Alighieri par Stefano Ricci. Il s’agit d’un cénotaphe et non d’un tombeau car le corps du poète se trouve à Ravenne où il avait été exilé.




On croise ensuite  la remarquable chaire de Benedetto da Maiano.



Après le tombeau de Machiavel, sans grand intérêt, on se trouve devant une très belle Annonciation de Donatello.



Arrive ensuite le tombeau de Rossini, puis les chapelles toutes ornées de fresques bien conservées.



La première chapelle est la « cappella Castellani » décorées de peintures de Gaddi présentant la vie de Saint Jean-Baptiste, de Saint Nicolas de Bari le saint patron des enfants, et des scènes de la vie de Saint Antoine.




La chapelle Baroncelli, attenante, est celle des célèbres fresques de la « Vie de Marie », chef-d’œuvre d’Antonio Gaddi le plus grand élève de Giotto.




La troisième chapelle est celle des Médicis décorée d’un superbe crucifixion de Taddeo Gaddi.



On parvient alors dans la chapelle des Bardi et ses fresques dues à Giotto.




A l’autre bout de l’église, se trouve le tombeau de Galilée devant lequel nous nous arrêtons avant de sortir.




Nous sortons ensuite dans le cloître qui abrite le petit et paisible Museo dell’Opera di Santa Croce.





Nous pénétrons d’abord dans la Cappella dei Pazzi, chapelle aux volumes absolument parfaits édifiée par Brunelleschi. Sa décoration rehausse la sobriété des volumes géométriques. Elle est formée de médaillons et de têtes de chérubins dus à Desiderio di Settimagno, d’un tondo dû à Luca della Robbia et d’un Saint André que l’on doit à Giuliano da Maiano.





Le musée abrite de nombreuses œuvres qui se trouvaient auparavant dans l’église Santa Croce.









La visite se termine par le fameux Crucifix de Cimabue du 13ème siècle et une Cène et un Arbre de la Croix dus à Taddeo Gaddi.













Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire