Si vous voyagez en
Haute-Loire, arrêtez-vous à Lavaudieu, village proche de Brioude. Nous y sommes
arrivés un matin d’avril et nous nous sommes garés près de l’église
Saint-André, tout près de la place de la fontaine.
Nous allons entrer dans l’église lorsque quelqu’un nous
appelle. C’est la guide locale qui nous informe qu’elle débute une visite et
que, si nous souhaitons en profiter, nous serons les bienvenus.
Dans l’entrée, nous rejoignons un couple de touristes
espagnols. La guide nous explique que l’abbaye Saint André est un ancien
prieuré bénédictin dépendant de l’abbaye de la Chaise-Dieu.
Au Moyen Age, le village
de Lavaudieu s’appelait Comps. En 1050, la terre de Comps est
donnée par Raoul de Lugeac, seigneur du lieu, à l'abbaye de la Chaise-Dieu qui doit
répondre au nombre important de vocations féminines. Il cherchait à créer un
prieuré conventuel de moniales dans un site moins froid que le plateau du
Livradois.
En 1070, Judith, fille
du comte d'Auvergne Robert II se retire dans ce prieuré. Cela
va entraîner des donations importantes.
Le prieuré connaît son
apogée au XIIe siècle où de nombreuses donations
permettent l'érection de l'ensemble des bâtiments monastiques : l'église
prieurale, le cloître et les bâtiments du prieuré.
Nous pénétrons dans le cloître roman, de petites dimensions, mais complet, où alternent
colonnes simples et jumelées, surmontées de chapiteaux historiés.
Nous sortons à l’arrière du
cloître où nous dominons la Senouire.
La guide nous apprend qu’au xvie siècle l'abbaye
passe en commende pendant le règne de François Ier. Une commende
se réserve le droit de nommer les abbés qui peuvent être des laïcs. Ces abbés
perçoivent les revenus de leurs abbayes et délèguent le pouvoir spirituel aux
prieurs. Le monastère abandonne alors la règle bénédictine pour adopter celle
des chanoinesses.
Les chanoinesses
abandonnent le dortoir situé au-dessus du cloître et décident de vivre dans des
maisons individuelles construites ici et qui tombent en ruine.
Elle nous apprend aussi que
le clocher est tronqué en 1793 à la demande des Révolutionnaires pour supprimer tout
ce qui n'est pas égalitaire. Les chanoinesses doivent quitter le monastère en 1791. En 1792, l'abbaye est
vendue comme bien national. Elle est alors décomposée en plusieurs
lots vendus à des agriculteurs qui transforment le cloître en bâtiment de
ferme. Le cloître est modifié par permettre la stabulation des vaches et le passage
des charrettes.
Nous nous rendons ensuite
dans le réfectoire où furent découverts, en 1896, des fragments d'une peinture datant
du xiie siècle
sur le mur est de la salle située côté sud du cloître représentant le Christ en
majesté au-dessus de la Vierge entourée des apôtres. Cette salle a
servi de réfectoire à un moment de l'histoire du prieuré mais la qualité de
cette peinture pourrait faire penser qu'elle a été faite pour une chapelle.
Nous sortons, nous
traversons la place et nous nous rendons au musées des Arts et Traditions
Populaires où nous pouvons suivre la vie quotidienne dans un village rural du
XIXème siècle.
Après un petit tour dans le village, nous nous rendons
à l’église Saint André.
Elle abrite de belles
fresques du XVIème siècle qui représente la Crucifixion sur
le mur triomphal, cinq scènes de la Passion du Christ côté nord et côté sud
quatre scènes n'ayant apparemment pas de lien entre elles dont la célèbre Mort
Noire personnifiant la peste.
La position haute de ce
cycle de peintures vient de la présence de tribunes en bois qui ont aujourd'hui
disparu.
La fresque du martyre
de sainte Ursule date du xvie siècle.
Dans l'église se trouve aussi une reproduction du Christ de Lavaudieu : il s'agissait d'un Christ de grande taille, en bois de peuplier peint, du XIIème siècle. Vénéré par les moniales qui obtinrent de lui des grâces insignes, il fut décapité au XVIème siècle pendant les guerres de religion.
Par la suite, les religieuses placèrent la tête à côté du tronc et les miracles se reproduisirent. A la révolution, la statue fut définitivement séparée et vendue par les premiers occupants du cloître. La tête a été achetée par une collectionneur qui la donna au musée du Louvre où elle se trouve toujours. Le tronc se trouve au musée des Cloîtres de New-York.
Cette copie en frêne est l'oeuvre de Simone Bouchet, artiste locale.
On peut aussi admirer une Pietà et des statues de bois polychromes de la Vierge, de Saint André, de saint Jérôme et de Saint Sébastien de toute beauté.