mardi 25 juin 2013

En Auvergne : Lavaudieu

Si vous voyagez en Haute-Loire, arrêtez-vous à Lavaudieu, village proche de Brioude. Nous y sommes arrivés un matin d’avril et nous nous sommes garés près de l’église Saint-André, tout près de la place de la fontaine.


Nous allons entrer dans l’église lorsque quelqu’un nous appelle. C’est la guide locale qui nous informe qu’elle débute une visite et que, si nous souhaitons en profiter, nous serons les bienvenus.


Dans l’entrée, nous rejoignons un couple de touristes espagnols. La guide nous explique que l’abbaye Saint André est un ancien prieuré bénédictin dépendant de l’abbaye de la Chaise-Dieu.


Au Moyen Age, le village de Lavaudieu s’appelait Comps. En 1050, la terre de Comps est donnée par Raoul de Lugeac, seigneur du lieu, à l'abbaye de la Chaise-Dieu qui doit répondre au nombre important de vocations féminines. Il cherchait à créer un prieuré conventuel de moniales dans un site moins froid que le plateau du Livradois.

 Un monastère de religieuses bénédictines est fondé en 1057 par saint Robert de Turlande, fondateur de l'abbaye de la Chaise-Dieu. Le lieu est connu jusqu'au XVe siècle sous le nom de Saint-André-de-Comps, avant de prendre celui de Vallus Dei (Vallée de Dieu) dont Lavaudieu est la forme simplifiée.


En 1070, Judith, fille du comte d'Auvergne Robert II se retire dans ce prieuré. Cela va entraîner des donations importantes.

Le prieuré connaît son apogée au XIIe siècle où de nombreuses donations permettent l'érection de l'ensemble des bâtiments monastiques : l'église prieurale, le cloître et les bâtiments du prieuré.

Nous pénétrons dans le cloître roman, de petites dimensions, mais complet, où alternent colonnes simples et jumelées, surmontées de chapiteaux historiés.










Nous sortons à l’arrière du cloître où nous dominons la Senouire. 

La guide nous apprend qu’au xvie siècle l'abbaye passe en commende pendant le règne de François Ier. Une commende se réserve le droit de nommer les abbés qui peuvent être des laïcs. Ces abbés perçoivent les revenus de leurs abbayes et délèguent le pouvoir spirituel aux prieurs. Le monastère abandonne alors la règle bénédictine pour adopter celle des chanoinesses.





Les chanoinesses abandonnent le dortoir situé au-dessus du cloître et décident de vivre dans des maisons individuelles construites ici et qui tombent en ruine. 



Elle nous apprend aussi que le clocher est tronqué en 1793 à la demande des Révolutionnaires pour supprimer tout ce qui n'est pas égalitaire. Les chanoinesses doivent quitter le monastère en 1791. En 1792, l'abbaye est vendue comme bien national. Elle est alors décomposée en plusieurs lots vendus à des agriculteurs qui transforment le cloître en bâtiment de ferme. Le cloître est modifié par permettre la stabulation des vaches et le passage des charrettes.



Nous nous rendons ensuite dans le réfectoire où furent découverts, en 1896, des fragments d'une peinture datant du xiie siècle sur le mur est de la salle située côté sud du cloître représentant le Christ en majesté au-dessus de la Vierge entourée des apôtres. Cette salle a servi de réfectoire à un moment de l'histoire du prieuré mais la qualité de cette peinture pourrait faire penser qu'elle a été faite pour une chapelle.







Nous sortons, nous traversons la place et nous nous rendons au musées des Arts et Traditions Populaires où nous pouvons suivre la vie quotidienne dans un village rural du XIXème siècle.





Après un petit tour dans le village, nous nous rendons à l’église Saint André.




Elle abrite de belles fresques du XVIème siècle qui représente la Crucifixion sur le mur triomphal, cinq scènes de la Passion du Christ côté nord et côté sud quatre scènes n'ayant apparemment pas de lien entre elles dont la célèbre Mort Noire personnifiant la peste.









La position haute de ce cycle de peintures vient de la présence de tribunes en bois qui ont aujourd'hui disparu.


La fresque du martyre de sainte Ursule date du xvie siècle.


Dans l'église se trouve aussi une reproduction du Christ de Lavaudieu : il s'agissait d'un Christ de grande taille, en bois de peuplier peint, du XIIème siècle. Vénéré par les moniales qui obtinrent de lui des grâces insignes, il fut décapité au XVIème siècle pendant les guerres de religion.
Par la suite, les religieuses placèrent la tête à côté du tronc et les miracles se reproduisirent. A la révolution, la statue fut définitivement séparée et vendue par les premiers occupants du cloître. La tête a été achetée par une collectionneur qui la donna au musée du Louvre où elle se trouve toujours. Le tronc se trouve au musée des Cloîtres de New-York. 
Cette copie en frêne est l'oeuvre de Simone Bouchet, artiste locale.


On peut aussi admirer une Pietà et des statues de bois polychromes de la Vierge, de Saint André, de saint Jérôme et de Saint Sébastien de toute beauté.








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire