mardi 26 novembre 2013

En Champagne - Ardennes : les églises à pans de bois et le lac du Der Chantecoq

Si vous passez près de Troyes ou de Chaumont, ne manquez pas de vous diriger vers le lac du Der Chantecoq et de suivre le circuit des églises à pans de bois.


L'ossature de ces églises particulières est constituée de bois de chêne ("der" en celtique).


Elles sont formées de poteaux verticaux et de sablières horizontales, l'une au sommet du mur, l'autre posée en bas sur un muret pour en éviter le pourrissement et sont reliées par différentes pièces de bois : les pièces verticales sont appelées "potelets". 



Les pièces en diagonales sont nommées "écharpes". 



D'autres sont en forme de croix de Saint-André mais toutes ont pour fonction de donner plus de rigidité à l'ensemble.



Cet assemblage sert aussi à bloquer un garnissage en torchis, fait d'agile et de paille d'avoine malaxée, supporté par des lattes de bois et protégé par un enduit composé de chaux, de sable, de crottin de cheval et de crin d'animal.


Les façades ouest, les plus exposées aux intempéries, sont recouvertes de planches clouées horizontalement ou verticalement et appelées "tavillons".



Elles peuvent aussi être recouvertes d'étroites lamelles de bois se chevauchant comme des écailles nommées ici "essentes".


Nous avons commencé notre circuit par l'église Saint Jacques et Saint Philippe de Lentilles. Elle fut construite vers 1512 et elle a toujours été considérée comme la plus typique des églises à pans de bois de Champagne.




Ses formes allongées sont marquées par l'absence de transept mais aussi par la couverture des bas-côtés reliée à celle du porche.


Celui-ci présente une arcade en saillie sur le toit, surmontée d'une statue en pierre de Saint Jacques marquant l'axe de l'entrée.








A l'intérieur, on découvre un élément singulier que l'on ne rencontre qu'à Lentilles : les fenêtres oculaires ou oculi surmontant les baies du choeur polygonal.




Elles sont garnies de vestiges de verrières du 16ème siècle.




Le plafond à motifs de losanges a été redécouvert lorsque fut démontée, dans les années 1970, la fausse croûte en plâtre datant du 19ème siècle.


Cette église se trouve dans un environnement simple, à son image.






Nous continuons par l'église de Bailly-le-Franc.


Elle fut construite dans les années 1510.



De même style architectural que celle de Lentilles, à une travée près, elle est bâtie selon le principe des toitures étagées et dominées par une flèche élancée recouverte d'ardoises.



La nef est éclairée par une rangée d'étroites laies encadrées de croix de Saint-André formées par l'assemblage des bois.


La couverture est faite de divers matériaux : essentes de châtaignier et tavillons sur le pignon, tuile romaine sur le porche, tuile plate sur la nef et ardoises sur le clocher.





Eclairant avec parcimonie l'intérieur de l'édifice, les sept verrières de l'abside et de la nef, réalisées au 19ème siècle, portent les noms de leurs donateurs.




L'église suivante dont nous avions prévu la visite est celle d'Outines.





Par ses dimensions, l'église Saint Nicolas d'Outines est la plus monumentale et la plus vaste de tous les édifices champenois à pans de bois.




Sa construction remonte au début du 16ème siècle : ses bois les plus anciens ont été datés de 1512.




A l'extérieur, la façade est recouverte de tavillons et d'essentes destinés à la protéger des intempéries.



En approchant, on remarque très vite sa curieuse rosace.


Depuis 1620, le seuil et le pourtour de l'église sont pavés d'anciennes pierres tombales.


A l'intérieur, les épais piliers et les poutres massives donnent l'impression d'une véritable forêt.





L'église conserve une belle statue de Saint Gond du 16ème siècle et un Christ en croix du 14ème.



Ses vitraux et ses autres décorations intérieures ne manquent pas non plus de charme.








Le bénitier du 16ème siècle est lui aussi de toute beauté.





Comme celle de Lentilles, l'église d'Outines est plantée dans un environnement qui lui ressemble.








Notre matinée champenoise se termine par l'église de la Nativité de la Vierge de Châtillon sur Broué.



Cet édifice est l'un des plus originaux de la région.


Son originalité réside dans sa haute et large nef à laquelle est accolé le clocher qui surmonte le porche.


Elle est aussi la seule à présenter un grand porche entièrement fermé dont l'éclairage ne repose que sur les deux larges ouvertures des côtés joliment décorées de balustres sculptés.





L'essentiel du bâtiment date du début du 16ème siècle, le clocher ayant été reconstruit en 1822.





A l'intérieur, le volume frappe par son ampleur et son unité.




Comme à Outines, la décoration ne manque pas de charme.




Si l'on fait le tour de l'édifice, on découvre le chevet polygonal dont les pans de bois forment des croix de Saint André très harmonieuses.


Avant de quitter l'Aube, nous faisons une halte au lac du Der Chantecoq.



Au commencement, se trouvait ici une forêt si giboyeuse que les ducs d'Orléans en avaient fait leur terrain de chasse favori.


Mais les caprices de la Marne qui la frôle et dont les crues aggravaient celles de la Seine, ont scellé son sort.


La forêt celtique et les trois villages qui occupaient ses clairières et sa lisière, ont laissé place, en 1974, au plus grand lac artificiel d'Europe occidentale.


Avec ses 4800 hectares et ses 77 kilomètres de berges, le lac du Der Chantecoq est devenu l'un des pôles touristiques majeurs de la région.


Les hommes ne sont pas les seuls à l'avoir adopté : quarante espèces de mammifères et 170 espèces d'oiseaux y font escale ou s'y sont sédentarisé.